Logo image
Climat: un standard mondial reconnu et utilisable par les entreprises suisses

Photo: DP

Climat et énergie Économie Contenu du partenaire: economiesuisse

Climat: un standard mondial reconnu et utilisable par les entreprises suisses

Les entreprises suisses sont toujours plus nombreuses à adopter des objectifs basés sur la science (SBTi) pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le point avec Jasmine Bitar, qui promeut SBTi en Suisse romande.

0

Partager
Copier le lien LinkedIn
Écouter
Logo image

Climat: un standard mondial reconnu et utilisable par les entreprises suisses

Partager
Copier le lien LinkedIn
Écouter

6 Min.  •   • 

La Science Based Target initiative (SBTi) a été lancée en 2015. Peut-on déjà en mesurer les premiers résultats?

Jasmine Bitar: Oui. Entre 2015 et 2020, l’ensemble des entreprises engagées dans SBTi a réduit ses émissions cumulées de gaz à effet de serre de 29 %, soit 419 mégatonnes de CO2. Cela équivaut à un peu plus de dix fois la quantité de CO2 que la Suisse émet chaque année sur son territoire. Ce qui est réjouissant, c’est que le nombre d’en­treprises tout autour du globe qui s’engagent dans SBTi connaît une très forte croissance, bien que SBTi soit une initiative volontaire. Alors qu’elles étaient un peu plus de 2000 à avoir adhéré en 2021, elles sont aujourd’hui près de 4000.

À elle seule, la Suisse compte plu­sieurs centaines de milliers d’entreprises. Dès lors, le chiffre de 4000 entreprises engagées dans SBTi à l’échelle mondiale n’est-il pas dérisoire?

Si on regarde ces entreprises en termes de taille, de nombre d’em­plois et de volumes d’émissions, le constat change: les premières entreprises à avoir adhéré sont souvent de très grandes entreprises, comme par exemple Swisscom, Nestlé ou ABB. Ces grandes entreprises ou­vrent le bal et entraînent leur secteur avec elles: une grande entreprise rejoignant SBTi doit réduire ses émissions propres, mais également celles de sa chaîne de valeur (fournisseurs, sous-traitants, logistique, acheteurs) et par ce biais, une grande entreprise qui adhère met en mouvement les PME avec lesquelles elle travaille.

Étant donné que la Suisse compte beaucoup d’entreprises internationales, qui produisent et vendent de gros volumes dans le monde entier, cela représente un levier très puissant. Non seulement par effet domino sur la chaîne d’approvisionnement, mais aussi sur la concurrence. Car au-delà des aspects purement environnementaux, il y a bien entendu les enjeux réputationnels et la demande de la société, et donc des consommateurs. Sans parler du cadre normatif qui évolue progressivement dans différents pays, sachant que de nombreux États ont pris des engagements de réduction de 50% de leurs émissions d’ici 2030 et du net zéro d’ici 2050 dans le cadre de l’accord de Paris.

Comment le processus de validation SBTi se passe-t-il concrètement?

La première étape consiste à établir son empreinte carbone pour une année de base conformément au «Greenhouse Gas Protocol», qui est le référentiel mondial en matière de mesure des émissions pour les entreprises.

L’entreprise peut ensuite se fixer un objectif de moyen terme (5 à 10 ans) et/ou à horizon 2050 conforme avec la limite des 1,5° à ne pas dépasser, et calculer sa trajectoire de réduction vers cet objectif, en s’appuyant sur la méthodologie SBTi.

Pour se donner les moyens de tenir cette trajectoire, elle définit les mesures à mettre en place pour elle-même, ainsi que pour sa chaîne de valeur si elle compte plus de 500 collaborateurs. L’ensemble est ensuite soumis pour validation à SBTi, au sein de laquelle deux experts indépendants et leurs équipes vont valider les objectifs et revenir vers l’entreprise. Une fois que la validation est réalisée, l’entreprise est ajoutée sur le site Internet de SBTi, car SBTi est un engagement public et transparent. Par la suite, l’entreprise doit publier chaque année son empreinte annuelle et sa progression par rapport à ses objectifs de réduction des émissions.

SBTi n’est-elle pas réservée aux grandes entreprises, qui disposent de beaucoup de ressources, humaines et financières?

En Suisse, les PME représentent 10% des entreprises engagées avec SBTi. Je pense que ce chiffre va for­tement augmenter. En effet, de nombreuses PME ont pour clients de grandes entreprises engagées dans SBTi, qui vont leur demander de réduire leurs émissions pour pouvoir atteindre leurs objectifs, lesquels tiennent comptent de toute la chaîne d’approvisionnement. Plu­sieurs grands distributeurs suisses encouragent par exemple déjà leurs fournisseurs à prendre des objectifs SBTi. Dans un autre domaine, nous avons été contactés récemment par une entreprise active dans un secteur de pointe, dont l’un des principaux clients basé à l’étranger exige dorénavant de ses fournisseurs qu’ils transmettent leur empreinte carbone et un plan de réduction des émissions de CO2 pour rester éligibles, ce qui équivaut globalement à ce que prévoit SBTi. Même si une adhésion à SBTi n’est pas spécifiquement demandée, je pense que toujours plus d’entreprises s’engageront avec SBTi, qui a le mérite d’être un standard mondial reconnu, crédible et transparent.

N’est-ce pas encore une énième contrainte pour les PME?

C’est sûr, gérer cette démarche représente des coûts et du temps pour une PME, mais il faut voir cet engagement comme une nécessité pour la pérennité de l’entreprise: la situation actuelle nous montre bien que de ne pas anticiper cette évolution peut avoir des coûts et des conséquences bien plus importantes. Pour faciliter la tâche des PME, SBTi prévoit une démarche simplifiée pour les entreprises jusqu’à 500 collaborateurs. Par exemple, les objectifs de réduction ne couvrent que les émissions directes et la consommation d’électricité de l’entreprise et n’incluent pas sa chaîne de valeur. L’engagement est donc moins contraignant, la soumission facilitée, et les coûts de validation réduits. Ainsi, la validation d’un objectif par SBTi coûte 1000 dollars US pour une entreprise jusqu’à 500 collaborateurs. À quoi il faut bien entendu ajouter les coûts liés à l’établissement de l’empreinte carbone et du plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la mise en œuvre de celui-ci et le suivi.

À l’heure où les prix de l’énergie flambent, SBTi est-elle un levier pour éviter les risques de pénurie et économiser de l’argent?

Si une entreprise se focalise sur le fait de réduire ses coûts énergétiques et sa consommation, on procèdera plutôt à un audit énergétique avec la mise en place de mesures pertinentes et compatibles. L’indépendance par rapport aux énergies fossiles et l’efficacité énergétique sont des leviers importants pour la réduction des émissions de CO2, et une entreprise pourra valoriser cet effort de réduction dans le cadre de ses objectifs climatiques. Cependant, il est possible que l’entreprise ait à actionner d’autres leviers de réduction pour satisfaire les critères de SBTi. Il faut aussi garder en tête que réduction des émissions n’équivaut pas à réduction immédiate des coûts, mais peut avoir des retombées positives indirectes. Cela se reflète par exemple dans le choix des matières premières utilisées par l’entreprise: se tourner vers des matériaux moins polluants peut se révéler plus cher, mais également attirer un nouveau marché. De même, mettre en place un plan de mobilité dans l’entreprise n’amène pas forcément un retour financier direct, mais d’autres avantages difficilement quantifiables, comme la qualité de vie, l’attractivité de l’entreprise et sa capacité à recruter des talents.

Interview: Corine Fiechter

A propos de SBTi

La Science Based Target initiative (SBTi) a été fondée en 2015 par le Pacte mondial des Nations Unies, le WWF, le CDP et le World Resources Institute.

SBTi vise à rendre les objectifs des accords de Paris actionnables par les entreprises grâce à des objectifs basés sur la science («science based targets»). Le principe de base est le suivant: sachant que le réchauffement climatique doit être limité à 1,5°, seule une certaine quantité de CO2 peut encore être émise globalement. La vitesse à laquelle les émissions doivent baisser pour respecter cet objectif de 1,5° degré est ensuite calculée par secteur. Sur la base de cette trajectoire de réduction, chaque entreprise calcule ses propres objectifs.

En 2022, le WWF et economiesuisse ont joint leurs forces pour promouvoir SBTi en Suisse. Le flambeau a été repris par l’association Go for Impact, représentée en Suisse romande par Eqlosion. Les entreprises peuvent bénéficier d’une première consultation gratuite, en contactant cette adresse: [email protected]

Déclaration: Ce contenu a été créé par economiesuisse lui-même dans le cadre du partenariat avec Sustainable Switzerland

Cet article traite des SDG suivants

Les Objectifs de développement durable (ODD) sont 17 objectifs mondiaux de développement durable convenus par les États membres de l'ONU dans l'Agenda 2030. Ils couvrent des thèmes tels que la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'égalité des sexes, l'eau propre, les énergies renouvelables, la croissance économique durable, les infrastructures, la protection du climat et la protection des océans et de la biodiversité.

13 - Lutte contre le changement climatique

Publicité

Articles populaires

Articles recommandés pour vous

Les piliers d’une stratégie climatique d’entreprise

Les piliers d’une stratégie climatique d’entreprise

La Suisse influe sur 2 ou 3% des émissions mondiales : bonne nouvelle !
Changement climatique

La Suisse influe sur 2 ou 3% des émissions mondiales : bonne nouvelle !

Mise en œuvre des mesures de protection et de défense du climat: comment se démarquer de la concurrence!
Changement climatique

Mise en œuvre des mesures de protection et de défense du climat: comment se démarquer de la concurrence!

Articles similaires

Photo: La Poste Suisse
Changement climatique

Sur la bonne voie pour un avenir carbone-neutre

Les émissions de CO2 à l'étranger sont-elles durables?
Changement climatique

Les émissions de CO2 à l'étranger sont-elles durables?

Image: Post
Changement climatique

La forêt et la science contre le changement climatique