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Simon Schudel, expert de la Mobilière, dans l’actuelle Optingenstrasse à Berne. Image: Olivier Messerli, Mobiliar

Climat et énergie Contenu du partenaire: la Mobilière

Des constructions adaptées au climat: avec une éponge dessous

Épisodes de canicule, sécheresse en été, fortes précipitations, peu de neige en hiver: villes et communes doivent penser différemment si elles veulent préserver la santé et la qualité de vie de leur population, et éviter, les dommages aux infrastructures. Le concept de ville-éponge montre la voie.

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Des constructions adaptées au climat: avec une éponge dessous

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Un jour d’automne à Berne. Des gouttes de pluie tombent sur les parapluies, des filets d’eau dévalent la rue. Dans le virage, là où le terrain devient plat, l’eau disparaît dans la bouche d’égout. Simon Schudel, spécialiste de la géoanalyse et des risques naturels auprès de la Mobilière, observe: «On l’oublie souvent, mais l’eau fait partie intégrante des usagers de la route». Il tient la carte de l’aléa ruissellement de l’Office fédéral de l’environnement dans les mains. Les calculs sont basés sur les précipitations relevées une fois tous les cent ans dans un lieu donné – et pratiquement chaque été quelque part en Suisse. Le géographe montre une zone violet foncé. «Nous nous trouvons dans cette zone sensible. Si une branche bloque la bouche d’égout pendant de fortes pluies ou si l’égout est surchargé, nous aurons 25 cm d’eau.»

1,3 million de bâtiments menacés

Grâce à sa collaboration avec le Laboratoire Mobilière de recherche sur les risques naturels de l’Université de Berne, Simon Schudel sait également où se produisent les inondations et ce qu’elles provoquent. Et comment les prévenir. Il montre une fenêtre de sous-sol avec un muret. «Jusqu’à 15 cm d’eau, cette cave est protégée.» Il s’inquiète pour les deux rampes menant à des entreprises situées plus bas. «Devant la rampe, il faut une contre-pente de 20 à 30 cm pour dévier l’eau sur la route. Sinon, l’entreprise sera aussitôt inondée.»

Les mesures structurelles protègent contre le ruissellement superficiel, c’està-dire les eaux de pluie qui ne s’infiltrent pas dans le sol, mais qui s’écoulent à la surface. Comme les étés deviennent plus chauds et que les fortes pluies s’intensifient, le ruissellement superficiel cause de plus en plus de dommages dans les zones bâties. Il est la cause de deux tiers des dommages dus aux inondations ces dix dernières années, selon les calculs de la Mobilière. Fin juin, le laboratoire a publié une analyse du risque de dommages qui montre que 62 % des bâtiments suisses, soit près de 1,3 million de bâtiments d’une valeur à neuf totale de 2’300 milliards de francs, sont menacés par le ruissellement superficiel.

«Le sol et les plantes absorbent l’eau comme une éponge et la libèrent lentement.»

Désimperméabiliser le sol dans les zones piétonnes

Le concept de ville-éponge peut également prévenir ce type de dommages. L’idée est que le sol absorbe l’eau comme une éponge et la libère lentement via l’évaporation des plantes. Exemple dans la Breitenrainstrasse, à Berne: un triangle de nature au milieu de la zone piétonne goudronnée, voulu par la commission de quartier. «Comme le sol a été désimperméabilisé, l’eau de pluie s’infiltre entre les pierres et les plantes au lieu de partir directement vers l’égout», explique Simon Schudel.

Au cours de notre visite, nous trouvons d’autres éléments caractéristiques de la ville-éponge, comme le toit végétalisé d’un abri à vélos et un parking non imperméable. «Les mesures de la villeéponge apportent des avantages économiques, écologiques et sociaux», explique M. Schudel. Économiques, parce qu’elles réduisent les dommages dus aux inondations et soulagent le réseau d’égouts. En outre, il y a plus d’arbres et d’espaces verts qui laissent plus d’eau s’évaporer, ce qui rafraîchit les villes en cas de vague de chaleur. Sur le plan écologique, la biodiversité, le microclimat et l’équilibre hydrique en bénéficient. Et d’un point de vue social, l’espace public s’améliore, de même que la qualité de vie dans les zones densément peuplées.

Projet phare dans une rue du quartier

Simon Schudel s’arrête dans l’Optingenstrasse, une rue typique du quartier: peu de verdure dans les jardins donnant sur la rue, beaucoup de voitures garées et des surfaces imperméables qui chauffent comme un four en été. Cela doit changer. À partir de 2024, la ville de Berne prendra des mesures d’adaptation au climat, que la Mobilière financera à hau teur de 450’000 francs. L’assureur bernois a provisionné un total de 4,5 millions de francs pour soutenir des projets de protection du climat, dont la moitié pour des projets de ville-éponge. Comme les canalisations doivent être rénovées, l’asphalte sera cassé. Un tiers de la surface de la rue sera désimperméabilisée, l’asphalte remplacé par de l’herbe ou de la marne, perméable à l’eau. Cela libérera de la place pour vingt arbres, des râteliers à vélos et du mobilier urbain. Les arbres auront plus d’espace sous terre et accéderont plus facilement à l’eau.

Image: Office des ponts et chaussées de la ville de Berne

Source: Office des ponts et chaussées de la ville de Berne

La photo montre à quoi ressemblera la rue après les travaux.

La Suisse à la traîne par rapport à d’autres pays

La Suisse à la traîne par rapport à d’autres pays Représentant de la Mobilière, Simon Schudel est en contact avec de nombreuses villes qui préparent des projets de ville-éponge. «Le plus simple et le plus rentable est d’intégrer les mesures dès la phase de planification de la construction. Ou, comme dans l’Optingenstrasse, lorsque des travaux sont de toute façon prévus», déclare-t-il. Un avis partagé par Silvia Oppliger, cheffe de projet ville-éponge auprès de l’Association suisse des professionnels de la protection des eaux VSA. Mme Oppliger présente le concept de ville-éponge non seulement aux villes et aux communes, mais aussi aux entreprises de la construction et à d’autres secteurs impliqués dans la planification et la construction. «Par rapport à d’autres pays, la Suisse s’y est mise assez tard, mais les grandes villes, Genève en particulier, se sont saisies du sujet depuis deux ou trois ans», dit-elle.

Copenhague, une transition contrainte et forcée

La capitale danoise Copenhague montre jusqu’où peut être poussé le concept de ville-éponge. Après des pluies catastrophiques à l’été 2011 et des dégâts estimés à 760 millions de francs, des transformations radicales ont été entreprises: des installations souterraines interconnectées pour dévier et retenir l’eau, des parcs servant de zones de rétention, et des routes pouvant servir de rivières et de pipelines si besoin. Objectif: ralentir et canaliser l’eau en cas de fortes pluies.

Le plus grand projet est l’Enghavepark, situé au pied d’une colline. Des mesures prises sur et sous la terre permettent à ce nouveau parc d’absorber plus de 22’000 mètres cubes d’eau lors d’un événement météorologique extrême. Un terrain de hockey se transforme notamment en bassin de rétention en cas de fortes pluies. En temps normal, l’eau de pluie collectée est utilisée à la place des eaux souterraines pour les jeux d’eau, l’arrosage et le nettoyage urbain. «La situation de Copenhague est différente des villes suisses, affirme Silvia Oppliger. Mais en matière de modélisation de la planification urbaine, pour le cheminement de l’eau dans les rues par exemple, Copenhague est un modèle.» Avec l’initiative stratégique villeéponge, financée par la Mobilière, le VSA et une équipe interdisciplinaire de partenaires du projet veulent davantage sensibiliser, informer, développer des outils et initier des mises en œuvre. En effet, la ville-éponge fonctionne mieux lorsque plusieurs mesures donnent lieu à des inter actions positives plus durables qu’une goutte sur une pierre brûlante.

Agir de manière durable

Conseils utiles

Comment diriger ou recueillir l’eau de pluie et prévenir les dommages causés par le ruissellement superficiel dans et autour d’un bâtiment

– Déterminer comment l’eau s’écoule et installer une surélévation ou un muret au niveau des entrées, des rampes et puits de lumière des sous-sols. – Désimperméabiliser les parkings et les parvis avec de la marne ou des pierres composites végétalisables. – Recueillir et réutiliser l’eau de pluie pour arroser le jardin; prévoir un drain dans l’espace vert au cas où la cuve déborde. – Créer des espaces verts plutôt que des jardins de rocaille. – Végétaliser le toit et/ou la façade.

Vous trouverez de plus amples informations sur la ville-éponge sur vsa.ch/fr/la-ville-eponge/. Pour toute question à la Mobilière au sujet de la ville-éponge, veuillez écrire à: [email protected]

Plus d'informations sur la ville éponge

Déclaration: Ce contenu est réalisé par la rédaction de Sustainable Switzerland pour le compte du partenaire Partner.

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