Qui va gagner ? Outre le sport, la promotion des femmes et la protection de l'environnement ? Une chose est sûre au début de l'UEFA Women's Euro 2025 : les huit villes hôtes suisses ne se réjouissent pas seulement de vivre des moments forts du football dans leurs stades. Elles poursuivent également l'objectif commun de faire progresser l'égalité sociale et la promotion des filles et des femmes dans le sport, ainsi que de soutenir une utilisation respectueuse des ressources. Dans une charte de durabilité, les villes de Bâle, Berne, Genève, Lucerne, Sion, Saint-Gall, Thoune et Zurich ont défini, en amont du championnat d'Europe, des champs d'action concrets qui s'inspirent des recommandations de l'Association suisse pour l'organisation d'événements durables (ASED) et des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Afin de faire progresser les efforts en matière de durabilité et de créer une valeur ajoutée à long terme, l'UEFA, en tant qu'organisateur du tournoi, a également élaboré une stratégie détaillée dans le domaine environnemental, social et de la gouvernance (ESG)  .

Le billet de match fait office de billet de transports publics

Dans le domaine de l'environnement et de la protection du climat, la réduction de l'empreinte écologique est au centre des préoccupations - comme pour de nombreuses grandes manifestations de ces dernières années. Les transports jouent un rôle particulièrement important : près de 700 000 supporters sont attendus pour les 31 matches, dont beaucoup viennent de l'étranger ou traversent la Suisse.

Afin d'atténuer les effets négatifs de ces flux de voyageurs, le comité d'organisation mise sur une solution respectueuse du climat : pendant le championnat d'Europe, les billets de match font automatiquement office de titres de transport public en Suisse. Le jour du match, ils donnent droit à un aller-retour gratuit - de n'importe quel endroit en Suisse vers le lieu de la rencontre. On s'attend à ce qu'environ 60 à 70% des spectateurs utilisent cette offre.

Les équipes nationales apportent également leur contribution : selon l'Association Transports et Environnement, elles voyagent en grande partie en train et en bus, ce qui va tout à fait dans le sens du concept de durabilité de l'UEFA. Le calendrier des matches a été conçu de manière à ce que les équipes aient à voyager le moins possible pendant la phase de groupes. De nombreuses associations ont stratégiquement choisi les quartiers de leurs équipes de manière à ce qu'ils soient situés soit au centre, soit à proximité immédiate des lieux de compétition.

Mais la durabilité ne s'arrête pas au transport. L'infrastructure fait également l'objet d'une attention particulière : des mesures ciblées sont prises sur les lieux des matchs afin de réduire la consommation d'électricité et d'eau et de passer aux énergies renouvelables. Un avantage décisif : selon l'Office fédéral du sport (OFSPO), aucune nouvelle construction n'a été nécessaire pour le championnat d'Europe - un facteur potentiel majeur d'émissions a donc pu être évité. Au lieu de cela, certains travaux de rafraîchissement ou d'adaptation ont parfois été nécessaires.

Moins de déchets, plus de participation

En ce qui concerne la consommation de ressources, l'UEFA mise sur le modèle de l'économie circulaire. Ainsi, le problème des déchets doit être géré dans les huit stades de l'Euro selon le "principe des 4R" : Réutilisation, réduction, recyclage et réutilisation. Afin de réduire les déchets, de la vaisselle réutilisable et des stations de déchets surveillées seront utilisées dans les Fan Zones.  

Conformément à la Déclaration des droits de l'homme pour l'UEFA Women's EURO 2025, un ensemble complet de mesures doit garantir le bien-être et la sécurité de tous les participants. Cela inclut un mécanisme de plainte et un mécanisme de réaction immédiate pour lutter contre la discrimination et protéger les supporters qui peuvent compter sur une aide immédiate.

Dans un souci de durabilité sociale, notamment d'inclusion, de diversité et d'égalité des genres, les expériences des supporters seront accessibles et ouvertes à tous jusqu'à la finale du tournoi le 27 juillet. La protection sanitaire comprend notamment des distributeurs de crème solaire et des fontaines d'eau potable.

L'analyse ultérieure montrera l'efficacité de toutes ces mesures dans le détail - sur le plan social et écologique. Un rapport sur la mise en œuvre de la stratégie ESG devrait être publié fin 2025.

Promotion des femmes et des filles

Bien entendu, l'Euro doit aussi donner de nouvelles impulsions sur le plan sportif. Ainsi, l'Association suisse de football (ASF) veut profiter de ce grand événement pour faire progresser durablement la promotion des femmes et des filles. Le programme Legacy lancé par l'ASF comprend plus de 20 projets de promotion et de développement. Il vise à motiver les clubs de football en Suisse à contribuer activement à la promotion du football féminin et des filles. Les clubs collectent ainsi des points pour différentes activités telles que la formation d'entraîneurs, l'intégration d'équipes de filles ou l'offre d'entraînements d'initiation. "Notre objectif : poser de nouvelles bases pour le football en Suisse et créer un changement tangible d'ici 2027", explique l'ASF. "Concrètement, cela signifie : deux fois plus de joueuses, d'entraîneurs, d'arbitres et de fonctionnaires licenciés à des postes dans les clubs et les associations".

Dès le début, de grandes attentes ont été placées dans les championnats d'Europe. La directrice de l'OFSPO, Sandra Felix, l'a résumé ainsi lors d'une manifestation en mai : "Le tournoi montrera aux gens, en Suisse et à l'étranger, ce que le sport peut faire. Ce grand événement sportif est également un symbole de l'engagement dans le domaine de la durabilité sociale et écologique. Avec sa grande visibilité et son attrait international, le plus grand et le plus important événement sportif européen de cette année offre une plateforme de communication qui peut contribuer à sensibiliser les gens aux questions environnementales et à l'importance du respect".

Discussion sur les coûts

Pour pouvoir organiser les championnats d'Europe, d'énormes moyens financiers ont dû être mis à disposition. Les villes et les cantons ont accordé des crédits bruts d'environ 63 millions de francs au total. L'Association suisse de football (ASF) est de la partie avec au moins 5 millions de francs. La plus grande part des coûts revient à l'UEFA : elle verse en plus environ 150 millions de francs pour ce grand événement. La Confédération contribue à un dixième de ce montant, soit environ 15 millions de francs - [et encore, cette somme n'a été versée qu'après une forte insistance] (https://www.nzz.ch/schweiz/nun-ist-es-fix-das-parlament-spricht-15-millionen-franken-fuer-die-frauen-em-und-korrigiert-damit-den-bundesrat-ld.1861474). A l'origine, Berne ne voulait mettre à disposition que 4 millions de francs, ce qui a provoqué une large indignation publique. A titre de comparaison, le tournoi européen masculin de 2008, pour lequel la Suisse n'était que co-organisatrice, avait bénéficié de 82 millions de la part de l'Etat.