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L’orchestre de chambre Camerata Zürich, en activité depuis 1957, joue un rôle central dans la vie musicale suisse. Foto: Camerata, Zürich
L’orchestre de chambre Camerata Zürich, en activité depuis 1957, joue un rôle central dans la vie musicale suisse. Foto: Camerata, Zürich

L’orchestre de chambre Camerata Zürich, en activité depuis 1957, joue un rôle central dans la vie musicale suisse. Foto: Camerata, Zürich

Société Contenu du partenaire: ETH

La culture, un autre facteur climatique

La ville de Zurich souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro net d’ici à 2040. Pour atteindre cet objectif, tout le monde doit consentir des efforts, y compris les institutions culturelles. Un projet pilote pose les bases.

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La culture, un autre facteur climatique

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Le réchauffement de la planète engendré par des activités humaines est la manifestation la plus tangible d’un changement climatique qui s’accélère et fait craindre des crises à la fois écologiques et sociales. La limitation de ce réchauffement, objectif majeur des politiques environnementales, dépend de la coopération internationale entre les grands acteurs, mais aussi d’initiatives nationales et locales. À ce titre, la ville de Zurich se fixe de réduire les émissions directes de gaz à effet de serre à zéro net d’ici à 2040. Les émissions indirectes doivent, quant à elles, diminuer de 30% d’ici à 2040 par rapport au niveau de 1990. Les électeurs et électrices zurichois ont approuvé à une nette majorité les objectifs 2022 de la ville en matière de protection climatique. Cette décision implique une révision, un renforcement et un développement de stratégies, de plans et d’actions municipales. Les mesures de réduction des émissions directes de gaz à effet de serre sont principalement mises en oeuvre dans les domaines du bâtiment, de l’énergie et de la mobilité. Il s’agit notamment de remplacer les chauffages fossiles par des solutions respectueuses du climat, de développer le chauffage urbain et de produire de l’électricité à partir de sources renouvelables.

L’administration municipale n’a guère de prise sur les émissions indirectes de gaz à effet de serre, hormis sur un approvisionnement respectueux du climat. Ainsi, elle met surtout en oeuvre des mesures tendant à promouvoir et à faciliter les comportements respectueux du climat, par exemple par le biais de conseils ou par la mise à disposition et la promotion d’alternatives aux solutions existantes, plus respectueuses du climat.

Des méthodes fondées

Pour réduire les émissions, encore faut-il connaître précisément leurs sources. Le secteur culturel est, lui aussi, visé par les exigences de comptabilité climatique. À l’avenir, un reporting transparent sur la consommation d’énergie, la mobilité et les ressources jouera un rôle central, notamment pour les institutions culturelles soutenues par la ville, comme les orchestres ou les salles de concert. Dans le cadre d’un projet pilote municipal, six institutions culturelles, dont la Camerata Zürich et le Tonhalle Zürich, ont récemment établi un nouveau bilan climatique sur la base du Greenhouse Gas (GHG) Protocol, largement reconnu au niveau international.

L’ETH de Zurich poursuit également une enquête aussi transparente et complète que possible sur les gaz à effet de serre, selon ce GHG Protocol. Elle s’engage en faveur de méthodes d’évaluation du climat fondées sur les faits, ainsi que d’un reporting fiable. Elle diffuse ses connaissances en la matière de manière proactive.

L’objectif de l’échange de connaissances est de permettre aux institutions de contribuer sous forme mesurable à la réalisation des objectifs climatiques et, dans le cas des institutions culturelles, de situer leur mission culturelle par rapport à l’impact climatique. «À l’ETH, nous nous efforçons de calculer nos propres émissions de gaz à effet de serre aussi précisément que possible», explique Simon Muntwiler, responsable de la durabilité au sein de l’équipe ETH Sustainability. «Notre ambition est de communiquer les résultats, mais aussi les bases de calcul, de la manière la plus transparente possible et d’établir un standard élevé.»

Le bilan climatique sert de base à l’ETH de Zurich pour l’élaboration de mesures efficaces sur la voie du zéro net. Simon Muntwiler estime qu’il faut soutenir le projet pilote de la ville de Zurich, qui permet à des institutions comme l’orchestre de chambre Camerata Zürich d’acquérir et d’appliquer les bonnes pratiques. En dépit de leurs différences intrinsèques, la Camerata Zürich et l’ETH sont confrontées aux mêmes dilemmes, notamment en ce qui concerne les voyages en avion. À ce titre, la transparence des communications et le partage des meilleures pratiques prennent toute leur importance.

Simon Muntwiler

«Un bilan global des gaz à effet de serre sert de base à l’élaboration de mesures efficaces»

Simon Muntwiler

Responsable de la durabilité à l’ETH de Zurich

Un apprentissage sur le tas

L’établissement d’un bilan climatique global a été un processus riche en enseignements pour l’ETH, ainsi que pour la Camerata Zürich. L’orchestre de chambre, qui existe depuis 1957, joue un rôle important dans la vie musicale suisse et emploie 16 musiciennes et musiciens professionnels. L’ensemble ne dispose ni de locaux de répétition ni de salle de concert propres et il part rarement pour de grandes tournées. Quel est son bilan climatique et comment Gustavo de Freitas, directeur de la Camerata Zürich depuis 2022, a-t-il vécu le projet? Ce dernier se livre dans l’entretien ci-contre. «J’ai beaucoup appris au cours du processus», explique- t-il en résumé, «et je sais désormais où nous pouvons réaliser des économies sans concessions à notre excellence artistique.»


«Excellence artistique et durabilité ne sont pas incompatibles»

Entretien avec Gustavo de Freitas, directeur de la Camerata Zürich, au sujet du bilan climatique de l’orchestre de chambre

Monsieur de Freitas, qu’est-ce qui vous a incité à solliciter un bilan climatique de la Camerata Zürich?

Gustavo de Freitas: En tant qu’institution culturelle subventionnée par la ville et le canton de Zurich, nous nous devons de contribuer aux objectifs climatiques de notre ville. Le bilan climatique offert par la ville de Zurich nous a permis de mieux comprendre nos émissions, d’analyser nos actions non pas sous l’angle artistique ou administratif, mais d’un point de vue strictement écologique.

Et qu’avez-vous appris?

J’ai désormais une idée claire des aspects de notre activité qui génèrent des émissions. Comme nous ne disposons ni de bâtiment propre ni d’offre de restauration, nous savions dès le départ que notre empreinte carbone serait relativement faible. Le regard porté sur la logistique, le matériel et l’infrastructure est en revanche extrêmement révélateur. Quelle est la quantité de papier nécessaire pour les partitions? De quels transports et déplacements avons-nous besoin? Toutes ces questions nous aident à remettre en question les processus de routine.

Quels sont les postes qui pèsent le plus lourd dans la balance?

De toute évidence, la mobilité. Et plus concrètement: comment nos artistes invités se déplacent-ils et comment le public vient-il jusqu’à nous? Nous travaillons avec des musiciennes et musiciens internationaux, ce qui implique certains déplacements. Le public est essentiellement local, mais en grand nombre, leurs trajets courts s’additionnent. Nous pouvons optimiser ces domaines, sans jamais transiger sur la qualité artistique.

Quel est le chiffrage final de vos émissions?

Au total, nous générons environ 8,5 tonnes de CO₂ par an. Cela correspond à un vol aller-retour de trois personnes de Zurich à New York. Pour un orchestre de chambre qui réalise une douzaine de projets par saison, c’est infime. Les deux tiers de ce volume sont dus à la mobilité des personnes — dont environ 60% aux déplacements des artistes invités et 30% à la mobilité du public.

Qu’en déduisez-vous?

Que l’excellence artistique et la durabilité ne sont pas nécessairement incompatibles. Nous continuerons bien entendu à inviter des artistes internationaux et à réaliser des tournées à l’étranger, car cela fait partie de notre vocation artistique et de notre mission éducative. Une institution culturelle ne doit jamais être considérée en premier lieu sous l’angle des émissions: ce serait là faire preuve d’une singulière myopie. Nous promouvons l’éducation, l’échange et la compréhension entre les personnes et les cultures. Tout ceci fait partie du travail sur la durabilité, même si c’est à un autre niveau.

Comment optimiseriez-vous vos émissions, concrètement?

Nous pourrions créer des incitations: offrir une nuit d’hôtel supplémentaire aux artistes invités qui prendraient le train; ou encore, recommander au public d’utiliser les transports publics dès l’achat des billets. Fait intéressant: seuls 4% des membres de notre public viennent en voiture, mais ils génèrent près de la moitié des émissions du public. Ainsi, les petites mesures peuvent avoir de grands effets.

Quels enseignements en tirez-vous?

Notre bilan climatique confirme que l’excellence artistique et la conscience écologique sont parfaitement compatibles, à condition de traiter le sujet avec discernement. Cet exercice nous aide à agir de manière plus consciente. Il montre clairement que même avec des moyens relativement modestes, les actions ciblées d’une institution comme la Camerata Zürich peuvent faire bouger les lignes sur les plans culturel, social et écologique.

Foto: Camerata Zürich

Gustavo de Freitas

Directeur de la Camerata Zürich

Déclaration: Ce contenu est réalisé par la rédaction de Sustainable Switzerland pour le compte du partenaire ETH.

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