Pourquoi avez-vous été nommé premier responsable de l’environnement de BMW AG il y a environ 50 ans?
Plusieurs facteurs ont certainement joué un rôle. D’une part, la question des limites de la croissance a été posée au niveau de la société dans son ensemble.
C’était la fameuse étude du «Club de Rome» de 1972.
Oui, en voilà un exemple. D’autre part, il y avait sur le site des nuisances concrètes pour les riverains, comme les émissions de l’atelier de peinture, ou encore le trafic lié au chantier de construction de la tour au début des années 1970. Le conseil d’administration a estimé qu’il était temps que quelqu’un s’en occupe à plein temps.
Comment vous a-t-on trouvé?
J’ai posé ma candidature pour cette fonction sur conseil d’un collègue. Après des études de biologie en Hesse, d’où je suis originaire, j’avais fait des mesures et analyses scientifiques pour l’Office allemand de la santé, qui se trouvait à l’époque à Berlin-Ouest, et m’étais fait une petite réputation parmi un cercle restreint de collègues.
En quoi consistait votre mission de responsable de la protection de l’environnement à l’usine de Munich?
Je devais mettre en place un système de gestion de l’environnement, en commençant par la politique environnementale et le droit réglementaire, jusqu’à la mise en œuvre de lignes directrices, en passant par la protection de l’environnement, la prévention proactive des nuisances environnementales et la mise au point de plans de prévoyance en cas d’urgence. Pour ce faire, nous avons d’abord dû mettre en place nos propres systèmes d’information, comme ZEUS (Zentrale Erfassung umweltrelevanter Stoffe). Nous avons pu définir des chaînes de processus, fixer des valeurs et finalement transférer le tout dans une boîte à outils de gestion environnementale que nous utilisons dans le monde entier. Il a fallu, en outre, collaborer étroitement avec la communication d’entreprise pour maintenir des voies courtes avec les voisins de nos usines.
Franchement, vous est-il arrivé de regretter d’avoir choisi l’industrie?
Non, jamais. J’ai toujours soutenu l’entreprise à 100 %, car j’aime aussi les voitures. Bien sûr, il y a eu des défis et des résistances à surmonter. Mais nous avons beaucoup progressé: nous avons développé des compétences, établi des processus contraignants, introduit des normes mondiales. Je suis convaincu que le BMW Group peut encore aujourd’hui s’appuyer sur ce travail et qu’il jouit pour cela d’une grande reconnaissance, même auprès d’observateurs critiques.
Vous avez apporté vos connaissances spécialisées à différentes institutions et les avez réunies dans un livre.
C’est vrai, je suis ou j’ai été membre fondateur et co-initiateur d’econsense - Forum pour le développement durable de l’économie allemande, membre du comité directeur de la commission Environnement de la Fédération de l’industrie allemande, président de la commission Environnement de l’industrie automobile allemande (VDA) et ai occupé toute une série d’autres fonctions. L’idée de base était de mettre en réseau la protection de l’environnement élaborée et pratiquée chez BMW avec les institutions publiques et sociales. Cela nous a permis d’établir des normes, mais pas au détriment de notre entreprise.
En 2006, le président allemand Horst Köhler vous a décerné la Croix fédérale du mérite pour l’ensemble de vos activités.
Oui, un honneur qui m’a fait très plaisir.
Êtes-vous satisfait du travail accompli aujourd’hui pour protéger l’environnement dans le cadre du développement durable?
Oui, je le suis. Bien sûr, il faut bien comprendre les différences. J’ai commencé avec une petite équipe, en tant que responsable de l’environnement au sein du service de planification centrale, qui était placé sous l’autorité de l’ancien directeur technique et de production, le Dr Hans Koch. L’usine de Dingolfing venait d’ouvrir et quelques mois plus tard la crise énergétique éclatait, entraînant l’interdiction de rouler le dimanche. Mais le thème de l’écologie a grandi avec l’entreprise, à travers de nombreuses usines dans des pays extrêmement différents sur cinq continents. Aujourd’hui, la durabilité est un thème global qui a sa place non seulement à l’ONU et dans les gouvernements, mais aussi dans toutes les grandes entreprises du monde. Et le BMW Group est bien placé dans ce domaine.
En 2004, vous avez pris votre retraite après avoir travaillé plus de 30 ans pour BMW AG. Que faites-vous depuis lors?
En été, je me déplace souvent avec un vélo de course BMW et en hiver, je fais du ski de fond en technique skating. Pendant mon activité professionnelle, j’ai parfois été d’astreinte 24 heures sur 24, et ce, pour tous les sites. Cela mérite bien un peu de repos. Mais bien sûr, je suis l’actualité de BMW Group dans les médias et je me tiens informé. C’est une tâche qui ne vous lâche pas complètement.