Il n’y a pas que les investisseurs, les financeurs et les exigences réglementaires croissantes qui motivent les entreprises à viser la durabilité. Les clients aussi sont à la recherche de produits durables. Et les fournisseurs doivent répondre aux attentes de leurs clients, qui sont de plus en plus tenus par la loi de rendre compte de leurs efforts de durabilité, et donc de contrôler la durabilité sur leurs chaînes d’approvisionnement. Enfin, les entreprises durables marquent également des points sur le marché du travail dans la concurrence pour les jeunes talents. Les raisons ne manquent donc pas pour que les entreprises de toutes tailles considèrent la durabilité comme une opportunité. Ainsi, les processus internes, constitutifs du modèle opérationnel, sont mis à l’épreuve. Et il faut parfois même adapter le modèle d’entreprise, par exemple dans l’industrie automobile. En effet, avec l’élimination progressive du moteur à combustion pour des raisons climatiques, les grands constructeurs comme les petits fournisseurs suisses modifient depuis longtemps leurs produits: la transition bat son plein. Un tel tournant exige une bonne gouvernance, c’est-à-dire une gestion responsable. La durabilité est l’affaire de la direction.
Un sujet complexe
Mais de nombreuses entreprises, surtout les petites et moyennes entreprises (PME), ont du mal. Rien d’étonnant: élaboration de stratégies, définition d’objectifs environnementaux et de catalogues de mesures, rapports... Il y a beaucoup à faire pour développer une entreprise dans le sens de la durabilité. Et vu les exigences réglementaires croissantes en Suisse et dans l’UE, le sujet est vraiment complexe. Les règles imposées au conseil d’administration et à la direction se multiplient. Tout cela implique des coûts, du personnel et du temps. Economiesuisse se veut un soutien et une inspiration. En matière de bonne gouvernance, l’organisation faîtière de l’économie suisse propose depuis longtemps déjà un guide utile, le «Code suisse de bonnes pratiques pour la gouvernance d’entreprise», qui vient de sortir dans une version révisée en 2023. Ce document de 30 pages offre des recommandations et des informations précieuses, tout en laissant une certaine marge de manoeuvre aux entreprises pour leurs besoins spécifiques.
Les risques en amont
«S’appuyant sur la science mais aussi sur la pratique, l’économie a formulé des recommandations sur les meilleurs processus et les meilleurs éléments structurels pour la gestion d’entreprise afin d’assurer qu’une entreprise puisse être développée de manière durable au sens traditionnel», explique Christoph Mäder, président d’Economiesuisse. En effet, il s’agit bien de gouvernance. Ainsi, le Code suisse n’explique pas en détail comment organiser la gestion de l’environnement ou des ressources humaines. Même si le Code concerne avant tout les entreprises cotées, il est également très utile pour les PME, qui peuvent suivre ses recommandations. La gouvernance d’entreprise constitue le fondement de la gestion ciblée des dimensions «durabilité » de l’ESG. Et aujourd’hui, aucune entreprise ne peut tirer son épingle du jeu sans y être attentive. Alors, de quoi s’agit-il exactement?
Revenons d’abord sur l’évolution dynamique des exigences réglementaires pour les entreprises suisses. Le 1er janvier 2022, de nouvelles exigences de diligence raisonnable et de reporting sont entrées en vigueur pour les entreprises d’intérêt public d’une certaine taille. Le Code des obligations a été étendu pour suivre la contre-proposition indirecte à l’initiative «Entreprises responsables ». À partir de l’exercice 2023, les entreprises concernées devront fournir des rapports non financiers sur l’environnement, le social, le personnel, ainsi que sur le respect des droits humains et la lutte contre la corruption. Les entreprises concernées devront également fournir des renseignements sur les minerais provenant de zones de conflit et le travail des enfants. Dans ce contexte, la direction doit identifier à la fois les risques liés à ses propres activités et les risques potentiels dans les chaînes d’approvisionnement. La transparence des chaînes d’approvisionnement en amont et en aval, souvent longues, est un grand défi pour nombre d’entreprises.
La responsabilité en incombe clairement au conseil d’administration et à la direction. Ceux-ci doivent jouer un rôle actif dans la transformation durable. De nombreuses entreprises de taille moyenne se sentent également obligées d’agir: «La hausse rapide des réglementations et la compréhension accrue de la durabilité sociale, écologique et économique mettent également ce sujet à l’ordre du jour stratégique et opérationnel des PME suisses», confirme Thomas Züger, PDG de la société fiduciaire et de conseil OBT.