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Les limites planétaires comme lignes directrices pour notre économie

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Économie

Les limites planétaires comme lignes directrices pour notre économie

Le concept de limites planétaires doit permettre à la société, à l'économie et aux entreprises individuelles de réorienter leurs activités de manière à préserver les ressources naturelles à long terme. Mais son opérationnalisation en est encore à ses débuts.

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Le concept des limites planétaires a été présenté pour la première fois au public il y a un peu plus de dix ans. Il a été développé par des scientifiques du Centre de résilience de Stockholm. L'idée est la suivante : mettre en évidence les limites de charge pour les ressources environnementales importantes à l'échelle mondiale. Si nous les dépassons durablement, la survie de l'humanité est menacée à long terme. Parmi les principales menaces mondiales, nous comptons la surexploitation des réserves d'eau douce, les émissions excessives de gaz à effet de serre, l'acidification des océans ou la déforestation et la perte d'habitats naturels. Au total, le concept comprend neuf limites.

Pourquoi ce concept est-il si important?

Il tente de rendre objectif le débat entre les deux extrêmes : les personnes qui affirment que l'économie peut croître sans limites et celles qui disent que la croissance infinie n'est pas possible sur une planète finie. Le but est de quantifier le plus précisément possible les limites de charge, sur la base de connaissances scientifiques. Cela doit permettre à la société, à l'économie, à certaines entreprises ou même à certains individus d'organiser les activités de manière à pouvoir évoluer dans ces limites. Le souci, c'est qu'à ce jour, il est extrêmement difficile, voire impossible de déterminer ces limites de manière quantitative. Les plus grands défis sont les suivants : - Pour certaines des neuf limites, il manque des données ou des connaissances pour pouvoir les quantifier, par exemple pour la pollution de l'atmosphère par les aérosols ou pour l'intégrité de la biodiversité (aspect partiel de la diversité fonctionnelle).
- La frontière "nouvelles substances" est un ensemble de substances très différentes (comme les métaux lourds, les éléments radioactifs, les nanomatériaux ou les microplastiques). Il n'est pas possible de les résumer de manière pertinente avec un seul chiffre. - Seul le changement climatique (émission de gaz à effet de serre, concentration de CO2 dans l'atmosphère) permet de décrire la charge acceptable par une seule valeur globale. Pour toutes les autres limites, c’est uniquement l’approche et la quantification régionales ou locales qui sont pertinentes. L'utilisation de l'eau peut avoir dépassé la limite critique dans le pays A, mais ne pas encore poser de problème dans le pays B. En déduire une valeur moyenne et conclure, par exemple, que la situation est encore globalement correcte donnerait une image erronée, car c'est justement dans le pays A qu'il faut agir.

Malgré ces défis, il existe différentes approches et méthodes pour décliner l'idée qui se cache derrière les limites planétaires. Les indicateurs de pression utilisés ne sont toutefois pas toujours les mêmes que pour le concept de frontières planétaires.

Considérations régionales: Le site web A good life for all within the planetary boundaries de l'Université de Leeds rassemble des données spécifiques pour chaque pays. Elles permettent de calculer où se situent chacun d’eux par rapport à leurs limites planétaires. Ces données peuvent être comparées entre elles et mises en relation avec le niveau de développement atteint par un pays.

Limites planétaires au niveau personnel: il est possible de calculer l'empreinte écologique individuelle qui se base principalement sur la consommation de ressources. Le WWF Suisse – parmi d’autres - met à disposition un calculateur d'empreinte. Il montre dans quels domaines de la vie il existe un potentiel d'amélioration. Dans les pays où le niveau de développement et la consommation de ressources sont généralement élevés, comme en Suisse, il n'est pas possible pour un individu de réduire sa propre consommation de ressources au point de respecter les limites planétaires. L'utilisation de l'infrastructure déjà existante, que l'on ne peut pas empêcher complètement en tant qu'individu, conduit à elle seule à un dépassement des limites.

Limites planétaires pour les entreprises: C'est ici que la Science Based Targets initiative (SBTi) a pu s'établir au cours des dernières années. En Suisse, elle est promue par Sustainable Switzerland, Go for Impact, Economiesuisse et le WWF. Elle aide les entreprises à réorganiser leurs activités de manière à ce qu'elles ne produisent plus d'émissions nettes de CO2 (émissions nettes nulles). Si toutes les entreprises agissaient en conséquence, les objectifs climatiques pourraient être atteints à l'échelle mondiale. Outre l'initiative SBT, il existe le réseau SBT (SBTN), qui poursuit les mêmes objectifs pour d'autres ressources critiques comme la terre ou l'eau, mais les connaissances et les méthodes nécessaires à une opérationnalisation jusqu'au niveau des entreprises font encore défaut.

Même si nous connaissons les limites, il reste la question de la répartition : qui – quel pays, quelle entreprise, quel secteur ou quel individu – peut utiliser combien d'une ressource ou émettre combien de polluants s'il existe une limite supérieure ? Est-ce que ceux qui paient le plus reçoivent le plus ? Ou est-ce que tout le monde reçoit le même nombre de parts ? Ou est-ce que celui qui a toujours reçu plus reçoit plus ? En matière de protection du climat, par exemple, c'est une question centrale (qui n'est que partiellement résolue). Nous savons certes combien de CO2 l'ensemble de l'humanité peut encore émettre, mais nous négocions et nous disputons depuis des années pour savoir quel pays doit réduire ses émissions et de combien. Les connaissances en sciences naturelles ne sont d'aucune utilité ici, le débat est une affaire purement politique.

Conclusion

Premièrement, le concept de limites planétaires apporte une contribution importante à la compréhension des grands risques environnementaux actuels et devrait être établi dans la politique et l'économie. Deuxièmement, pour une application directe, le concept doit encore être développé.

Ion Karagounis est président de Go for Impact et responsable des nouveaux modèles économiques et des questions d'avenir au WWF Suisse. Il écrit en outre régulièrement sur des thèmes liés à l'environnement et aux voyages.

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